vintage


J’ai mis cet été la main sur un flacon d’extrait Le Dix de Balenciaga datant des années ‘60. Je l’apprivoise depuis peu à peu, sans vraiment oser le porter. Le départ est un peu abimé, un peu, mais qu’importe. Le parfum m’évoque un de ces aristocrates rentré d’exil après la Révolution qui  a mis à bas son univers : il est présent et absent à la fois, portant en lui les splendeurs d’un temps disparu, trainant la grâce d’une époque révolue dans un monde où tout a changé. Le Dix est une beauté perdue, portant le deuil, presqu’austère dans sa mélancolie, tellement grand qu’il peut paraître hautain.

Le départ aldéhydé est encore frais, net et propre, mais vite se lève un chœur de fleurs pâles, iris, lilas, violettes et roses, à peine poudrées, terriblement émouvantes et gracieuses qui s’assombrissent sur les bois crémeux. Ce n’est même pas élégant, c’est pure beauté.

Le Dix est, pour moi, la quintessence du vintage, un trésor infiniment précieux à choyer, à chérir, un émerveillement, un talisman précieux qui me garde et me retient de m’égarer dans les médiocrités actuelles, mais aussi une indicible souffrance devant cette beauté aujourd’hui disparue, une mélancolie qui va jusqu’à une vraie tristesse lorsque je songe à ce qui n’est plus et ce qui ne reviendra probablement pas. Je suis triste, infiniment, mais j’ai de beaux souvenirs.

Le Dix, Francis Fabron pour Balenciaga, 1947 

Commentaires

  1. Voilà un bien bel hommage à ce magnifique parfum. Je suis content de le voir enfin chroniqué sur un blog français. Préserve ton beau flacon. Je possède pour ma part une EDT des années 90, une pure splendeur en parfait état, qui est une explosion de lilas, de violette, de rose et d'iris sur un beau fond de santal. L'ensemble, émouvant et délicat, sent la poudre de riz, c'est admirable. C'est selon moi le poudré ultime.
    Je n'ai jamais eu de chance avec les extraits vintages du Dix qui étaient tous vraiment tapés. Il me semble que l'extrait met davantage en avant les belles notes florales et est plus animalisé en fond tandis que l'EDT est beaucoup plus poudrée. Newyorker/Yohan

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    1. Merci. L'hommage n'est pas à la hauteur de ce parfum, oublié, hélas.

      Effectivement, l'extrait poudre à peine. Et je pense que je me lancerai peut-être à la recherche de différentes versions.Enfin, à voir... En fonction des possibilités, le marché du vintage devenant des plus en plus (absurdement!) cher.

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  2. Les prix sur ebay sont en effet devenus débiles. Mais si tu as le temps, les vide greniers et les brocantes recèlent encore de bien des merveilles pour parfois trois fois rien. Aujourd'hui je porte Jolie Madame, vintage bien sûr ;) (flacon 226ml du début des années 80 acheté 15 euros il y a un mois), Hier c'était Moment Suprême de Patou, eau de cologne de 1946 achetée 10 euros en Juin. Et la liste est longue. On peut vraiment encore faire de bonnes affaires !
    Yohan

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    1. Heureusement, le principal, c'est de ne pas rester un jour sans regarder...Nous sommes fous? Oui, un peu, mais c'est doux!

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