un parfum de scandale

"...jusqu’au jour du scandale..."

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, 1922.

L'Eau Scandaleuse est un hommage aux parfums anciens qui marie le cuir et la tubéreuse.en le sentant la première fois, j'ai immédiatement pensé à Germaine Cellier et à sa façon de surdoser les éléments pour vous les envoyer à la figure comme une paire de claques. L'Eau, c'est un peu comme un flacon de Fracas qui aurait coulé dans le sac en cuir de Cabochard. Le parfum est hardi, osé et quelque peu indécent, c'est le portrait d'une provocation impavide qui affronte le scandale sans vergogne et sans culotte.

Excessive et théâtrale, l'Eau Scandaleuse aurait pu convenir aux stars du muet, ces héros de l'âge d'or d'Hollywood, ces reines des années folle au luxe indécent, et à l'immoralité tapageuse. Ni dessous ni gant pour porter ce parfum, mais un culot monstre et une volonté hédoniste qui se moque du puritanisme bien pensant. L'accord tubéreuse-cuir est hautement sensuel sur un fond sale, particulièrement tenace, doté d'un sillage renversant. Les deux notes jouent sur la peau, s'enlacent, chacune tentant de prendre le dessus, s'abandonnant un peu, se reprenant, se laissant voler la vedette un instant avant de briller à nouveau de tout son éclat, nu et cru. C'est fort et excessif, comme Clara Bow qui choque l'Amérique lorsque sa secrétaire révèle que, sur un weekend, elle s'est envoyé toute l'équipe de football de l'université de Californie du Sud. C'est osé comme Mae West jetée en prison pour avoir osé créé à Broadway sa revue sobrement intitulée Sex. C'est sombre comme le mort de Ramon Novarro étouffé par le godemichet en onyx que lui a enfoncé dans la gorge un gigolo. C'est un scandale!

L'Eau Scandaleuse-Portrait de Clara Bow par Eugene Ritchee
On attendait beaucoup d'Anatole Lebreton qui nous avait charmé avec l'Eau de Merzhin, alléchés par les rumeurs concernant la nouveauté en préparation, titillés avec les échantillons de ses essais; le jeune homme nous a comblés, envoûtés. Voilà bien longtemps qu'un parfum ne m'avait causé un tel choc, donné une telle envie de le sentir encore et encore. Voilà bien longtemps aussi qu'un parfum n'avait suscité un tel émoi autour de moi. Les gens en parlent, m'en parlent, et, alors que j'attendais des réactions contrastées, la tubéreuse et le cuir étant des matières difficiles à faire passer, tous semblent séduits.

L’Eau Scandaleuse, Anatole Lebreton, 2013.

Pour contacter Anatole Lebreton: Facebook ou son blog.

Commentaires

  1. Bonsoir Dau
    Je n'ai pas encore trouvé mon accord rose boisée ou rose musquée, mais j'ai trouvé mon accord cuir tubéreuse. J'ai contacté Anatole Lebreton qui m'a très gentiment envoyé un échantillon de son Eau scandaleuse. Et je suis complètement, totalement accro ! J'y ai retrouvé mon Fracas dompté par la fleur blanche. Vous allez finir par faire de moi une addict à la tubéreuse.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh, je suis content: elle est tellement belle et d'une telle qualité! À porter, c'est vraiment un régal d'opulence et de culot, à tel point qu'on ne peut que se sentir sublime. Et la tenue est juste invraisemblable, quasi indécente.Décidément, ce parfum à tout d'un scandale.

      Vraiment, elle fait partie des achats qu'on ne regrette pas et comme à dit une connaissance qui travaille dans le monde du parfum: "ça fait du bien de sentir des choses comme ça, de sentir qu'il y a encore des gens qui osent." Plein de plaisir scandaleux pour vous, je ne peux rien vous souhaiter de mieux!

      Supprimer

Enregistrer un commentaire